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les iniques espérances du couple implacable, criminel et arrogant. Toutes deux semblent lutter avec acharnement, corps à corps ; cette dernière prend le dessus lorsque Frédéric s’approche insensiblement d’Elsa, et lui souffle à l’oreille : « Que si on infligeait Ia plus légère blessure àLohengrin, tout l’enchantement qui l’entoure disparaîtrait... que cette nuit il le surprendrait dans le dessein de faire couler son sang, sans lui faire de mal... qu’elle ne doit point le défendre, puisqu’elle apprendrait ainsi la vérité sur lui et la nature de son être... » Elsa s’écrie : « Jamais ! » Le motif calamiteux et empoisonné, composé d’une longue période de seize mesures, qui, durant ce dialogue, est arrivé à son plus haut paroxysme de violence sourde mais palpitante, ne disparaît qu’alors.. Lohengrin en appercevant le comte près d’Elsa, le repousse avec emportement ; sa fiancée tombe à ses pieds afin d’obtenir son pardon, Il la relève, et lui demande, « si elle veut l’interroger ? » Trop proche de son bonheur pour se résoudre à le risquer, elle répond : « Qu’elle aime, qu’elle est heureuse et que son amour est bien trop élevé, pour se rabaisser jusqu’à une défiance ! » — « Gloire à toi, Elsa ! » lui dit Lohengrin avec un tressaillement de joie, comme délivré d’un attristement et d’une oppression, en la voyant échapper à un piége funeste. Ils montent à l’autel ; on écarte de leur chemin Frédéric et Ortrude, mais celle-ci adresse