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se détache un duo, où les ravissemens les plus adorans de l’amour, ses plus pures extases, ses plus indicibles tendresses, ses plus saintes voluptés, s’épanchent en flots de mélodies d’une éolienne delicatesse. L’élévation, la pureté, la gradation des sentimens qui se déroulent dans cette scène, ne peuvent être ni surpassés, ni plus idéalement exprimés par la poésie et par le chant. «… Et maintenant que pour la première fois nous sommes seuls, êtes-vous heureuse, Elsa ? confiez-le moi », dit le chevalier. —… « Que je serais ingrate de ne m’appeller qu’heureuse ! » répond - elle. Sublimes hyperboles ! Preuves convaincantes de l’amour !

Lohengrin bénit le sort qui le destina à être son champion, puisqu’il ne pouvait trouver son bonheur qu’en elle seule… — « Je t’avais vu en songe avant ton arrivée… » reprend-elle, accompagnée par la mélodie telle qu’elle avait été dite lorsqu’au premier acte, elle racontait le rêve où il lui était apparu — «… Quand tu es descendu sur notre rivage, j’eusse voulu comme un ruisseau embaumé, serpenter à l’entour de tes pas ; comme les fleurs de la prairie me courber sous tes pieds !… N’est-ce que de l’amour ?… dis-le moi !… et quel nom donnerai-je à celui qui est mon Très-Haut !.... » L’adresse féminine perce déjà dans cette allusion au mystère qui inquiète la jeune épousée, et la