Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/107

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a fait place à un fronton moderne, imitation étique, mesquine et appauvrie du Panthéon, monument avorté de la foi agonisante du xviiie siècle.

Je me sentis saisi de froid en entrant dans cette église dépouillée où m’appelaient à la fois la Commémoration de l’œuvre de Calvin et un fragment d’oratorio de Haendel.

Dans la partie du chœur dont une grille dorée marquait autrefois le pourtour, dans ce lieu plus particulièrement consacré, dont l’entrée était interdite à tous ceux qui ne participaient pas directement à la célébration des saints mystères, à l’endroit même où, sur un autel couvert de fleurs, à travers les vapeurs embaumées de l’encens, le Dieu rédempteur descendait à la voix du prêtre, on avait disposé les places des chanteurs et des chanteuses.

Sans doute, et Dieu lui-même nous l’apprend, l’autel où il aime surtout à descendre, c’est un cœur pur, une âme chaste et pieuse ; sans doute les fleurs les plus éclatantes, les parfums les plus rares et les plus précieux n’ont point à ses yeux la splendeur d’un visage virginal et la douce suavité d’une prière innocente, mais toutefois qui n’avouerait, après avoir assisté à cette séance du Jubilé de la réforme, que la grandeur, la solennité, l’immense et mystérieuse profondeur du sacrifice catholique n’ont été que bien pauvrement remplacées par ces dames et ces messieurs de la société protestante de chant sacré, dont une bonne moitié protestait avec un zèle si fanatique contre la mesure et l’intonation ?