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peintres, aux musiciens, aux artistes en un mot, de véritables fonctions religieuses et sociales.

De l’aveu de tous, rétrogradistes ou novateurs, fanatiques incorrigibles du statu quo, ou théoriciens audacieux du progrès, l’art a grandement droit de cité. À ce sujet même, les défenseurs importants de l’ordre des choses ne se font pas faute de belles tirades et d’amples verres d’eau sucrée parlementaires. M. Fulchiron notamment, ne laisse que rarement échapper une discussion du budget sans témoigner, avec le talent qu’on lui connaît, de sa sollicitude paternelle pour les beaux-arts. Mais une preuve encore plus concluante, s’il est possible, et tout à fait sans réplique, une preuve qui, désormais, ne permet plus aucun doute sur l’universalité du sentiment que nous constatons, c’est qu’en 1830 (et chacun peut s’en souvenir) les principaux titres à la confiance publique d’un grand personnage, qui depuis lors a passablement fait son chemin[1], étaient ceux de bon père de famille et de protecteur libéral des arts et des artistes[2].

  1. Louis-Philippe.
  2. Mon intention n’est point de transcrire ici les belles phrases de M. Fulchiron et consorts, mais je regrette que le cadre trop étroit de ces articles ne me permette pas de citer plusieurs passages d’auteurs contemporains qui jettent une vive lumière sur l’avenir de notre cause. MM. Ballanche, Lamartine et Victor Hugo surtout, ont admirablement compris et prophétisé la grandeur sociale de l’art, « cette noble couronne du génie plébéien ». D’autres hommes moins célèbres, en suivant l’impulsion générale, ont aussi apporté leur tribut de savoir et de sympathie. Au nombre de ces derniers, je rappellerai encore M. d’Ortigues, qui, dans son roman de la Sainte-Baume, a consacré un chapitre