Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/56

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hasard, sans méthode fixe, sans coordination ni ensemble. De ces écoles en si petit nombre, celle de Paris est incontestablement la plus célèbre et c’est à juste titre ; M. Chérubini la dirige ; MM. Reicha, Habeneck, Baillot, A. Nourrit, Tulou, Zimmermann, etc., etc., y professent.

Je me souviens encore de l’indicible émotion que me firent éprouver, il y a une douzaine d’années, ces paroles paternelles : « Franz, tu en sais maintenant plus long que moi ; mais d’ici à six mois, je te conduirai à Paris. Là tu entreras au Conservatoire, et tu travailleras sous les auspices et la direction des maîtres les plus renommés. » — Ce fut effectivement la raison déterminante qui décida mon père à quitter une existence honorable et aisée[1], pour courir les paisibles chances de ma célébrité embryonique[2]. Aussi dès le lendemain de notre arrivée à Paris, nous courûmes bien vite chez M. Chérubini. Une lettre de recommandation très pressante de M. Metternich, devait nous servir d’introduction auprès de lui. Dix heures venaient de sonner, et déjà M. Chérubini était au Conservatoire. Nous nous hâtâmes de l’y suivre.

À peine eus-je franchi le portail (il serait plus

  1. Adam Liszt, le père de Franz, était intendant du prince Esterhazy. Bon musicien, il avait été le premier maître de son fils. Il mourut presque subitement, à Boulogne-sur-Mer, en 1827.
  2. Sic. La hardiesse de Liszt à fabriquer des néologismes que des mots français rendent à la fois superflus et barbares, nous rappelle de temps à autre que notre langue n’était point sa langue maternelle…