Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/66

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repoussés en arrière, obligés de se renfermer dans d’étroites limites, et contraints de vivre ignorés ou méconnus.

« L’Opéra n’est pas un théâtre d’essai » répondit logiquement M. Véron, lorsqu’il fut question de monter un ouvrage de Berlioz ; « pourquoi ne se met-il pas sur les rangs à l’Opéra-Comique ? » Ce conseil vraiment comique, qu’il aurait également donné à Weber, à Meyerbeer, à Schubert, peut-être même à Beethoven en pareille occasion, nous instruit de la véritable situation des choses.

En effet, l’Opéra ne monte tout au plus que deux ouvrages par an. Bien entendu qu’il y en a toujours au moins une demi-douzaine d’inscrits à l’avance, dont le tour est fixé et légalement déterminé, — sans compter ceux qui sont reçus et qui attendent inutilement depuis vingt ans dans les cartons.

Le théâtre Italien de son côté, tout occupé à réchauffer les succès napolitains et milanais, n’a que faire d’ouvrages originaux ; — cela ne le regarde pas.

Le moyen donc que des hommes nouveaux se produisent sur la scène et parviennent à faire représenter leurs opéras ?

Je viens de qualifier de comique le conseil de M. Véron. Je ne voudrais cependant pas qu’on pût croire que c’est un parti pris à moi de dénigrer et de méconnaître à dessein, les efforts que fait l’administration de Feydeau pour remonter son personnel de chanteurs et d’artistes. Ces efforts sont