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leurs sens, la musique religieuse n’avait qu’à se renfermer dans la mystérieuse enceinte et pouvait se contenter de servir d’accompagnement aux magnificences de la liturgie catholique.

Aujourd’hui que l’autel craque et chancelle, aujourd’hui que la chaire et les cérémonies religieuses sont devenues matières à doute et à raillerie, il faut nécessairement que l’art sorte du temple, qu’il s’étende et accomplisse au dehors ses larges évolutions.

Comme autrefois, et plus même, la musique doit s’enquérir du peuple et de Dieu, aller de l’un à l’autre ; améliorer, moraliser, consoler l’homme, bénir et glorifier Dieu.

Or, pour cela faire, la création d’une musique nouvelle est imminente, essentiellement religieuse, forte et agissante, cette musique qu’à défaut d’autre nom nous appellerons humanitaire résumera dans de colossales proportions le théâtre et l’église. Elle sera à la fois dramatique et sacrée, pompeuse et simple, pathétique et grave, ardente et échevelée, tempétueuse et calme, sereine et tendre.

La Marseillaise qui mieux que les récits fabuleux des Hindous, des Chinois et des Grecs, nous a prouvé la puissance de la musique, la Marseillaise et les beaux chants de la Révolution, en ont été les terribles et glorieux préambules.

Oui, n’en doutons pas, bientôt nous entendrons éclater dans les champs, les hameaux, les villages, les faubourgs, les ateliers et dans les villes, des