Page:Littérature Contemporaine - Volume 43, 1990.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



DEUXIÈME VOIX

Mais un gouffre l’attend…Magnifique est sa chûte !

PREMIÈRE VOIX

Heureux, trois fois heureux l’homme au cœur ingénu
Qui vit simple, modeste, et n’a jamais connu
Que le foyer paisible et le Dieu de sa mère !
Ses jours couleront purs comme un flot solitaire…

DEUXIÈME VOIX

Bienheureux mille fois le barde audacieux
Que l’aile du génie emporte dans les cieux :
La gloire lui réserve un brillant diadème,
Et la gloire pour l’homme est le bonheur suprême

PREMIÈRE VOIX

Toute couronne est lourde, et le bandeau royal
A brisé sous son poids plus d’un front triomphal.

DEUXIÈME VOIX

Le mortel couronné s’égale à Dieu lui-même :
Comme Dieu ceint l’éclair, il ceint le diadème.

PREMIÈRE VOIX

Dans ton doux nid de mousse, où rit un jour vermeil,
Reste, heureuse colombe, au fond de la vallée…

DEUXIÈME VOIX

Jeune aiglon, prends ton vol à la voûte étoilée ;
Monte à travers la nue au palais du Soleil !…

PREMIÈRE VOIX

Mais la nue en ses flancs renferme la tempête…