Page:Littré - Pathologie verbale ou lésions de certains mots dans le cours de l’usage.djvu/24

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d’autre signification durant tout le cours de la langue, jusqu’au seizième siècle inclusivement. Conversation, qui en est le substantif, ne se comporte pas autrement, et nos aïeux ne l’emploient qu’avec le sens d’action de vivre avec. Puis, tout à coup, le dix-septième siècle, fort enclin aux néologismes de signification, se donne licence dans conversation ; et il ne s’en sert plus que pour exprimer un échange de propos. Ce siècle, qu’on dit conservateur, ne le fut pas ici ; car, s’il lui a été licite de passer du sens primitif au sens dérivé, il n’aurait pas dû abolir le premier au profit du second. C’est un dommage gratuit imposé à la langue. Converser a été plus heureux ; il a les deux acceptions, et la tradition, d’ordinaire respectable, n’y a pas été interrompue.

Coquet, coquette. — Un coquet dans l’ancienne langue est un jeune coq. On ne peut qu’applaudir à l’imagination ingénieuse et riante qui a transporté l’air et l’apparence de ce gentil animal dans l’espèce humaine et y a trouvé une heureuse expression pour l’envie de plaire, pour le désir d’attirer en plaisant. On ne sait pas au juste quand la nouvelle acception a été attachée à coquet. Je n’en connais pas d’exemple avant le quinzième siècle.

Côte. — Le sens étymologique est celui d’os servant à constituer la cage de la poitrine.