Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/106

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feussent pelez ne qui eussent grant front, la pie leur disoit : « Vous en parlates de l’anguille. »

Et pour ce a cy bon exemple comment nulle femme ne doit mengier nul bon morsel par sa lescherie sans le sceu de son seigneur, se elle ne l’employe avec gens d’onnour. Car celle damoiselle en fu depuis mocquée et rigolée pour celle anguille, à cause de la pie qui s’en plaignoit.




Comment nulle femme ne doit estre jalouse
Chappitre XVIIe


Un exemple vous diray comment c’est male chose que jalousie.

Une damoiselle, qui estoit mariée à un escuier, si amoit tant son seigneur, qu’elle en estoit jalouse de toutes celles à qui il parloit. Si l’en blasmoit son seigneur mainteffoiz par bel ; mais riens n’y valoi, et entre les autres elle estoit jalouse d’une damoiselle du païs, laquelle estoit de haultain couraige. Si advint une oiz qu’elle tença à celle damoiselle, et lui reprouchoit son mary, et l’autre lui dyt que par sa foy elle disoit ne bien ne voir, et l’autre disoit qu’elle mentoit. Si s’entreprindrent et destressèrent malement, et celle qui estoit accusée tenoit un baston et en fiert l’autre par le nez tel coup que elle lui rompit l’os et eut toute sa vie le nez tort, qui est le plus bel et le plus séant membre que homme ne femme ait, comme cellui qui siet au milieu du visaige.