Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

laisse de ceste matière et revien à celles qui ont moult le cuer au siècle, comme à estre ès joustes et ès festes, et aler voulentiers en pelerinaige, plus pour esbat que pour dévotion.




Chappitre XXVe
De celles qui vont voulentiers aux joustes et aux pellerinaiges


Je vous diray une exemple d’une bonne dame qui recouvra un grant blasme sans cause à une grant feste d’une table ronde de joustes. Celle bonne dame estoit jeune et avoit bien le cuer au siècle, et chantoyt et dansoyt voulentiers, dont les seigneurs et les chevaliers l’avoient bien chière, et les compaignons aussi. Toutes voyes son seigneur n’estoit pas trop liez dont elle y aloit si voulentiers. Mais elle vouloit bien en estre requise, et son seigneur lui en donnoit grans eslargissemens que on la requist et priast d’amer, et son seigneur le faisoit pour paour d’acquerre la male grace des seigneurs, et que on ne deist pas qu’il en feust jaloux ; si la leur octroyoit-il pour aler à leurs festes et esbatemens, et il mectoit moult de grans mises pour l’accointir à celles festes pour l’onneur d’eulx. Mais elle povoit bien apparcevoir que, s’il eust esté au gré et plaisance de son mary, elle n’y alast pas. Et, si comme il est accoustumé en esté, temps que l’en veille à dances jusques au jour, il