Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/128

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Chappitre XXVIe
De celles qui ne veullent vestir leurs bonnes robes aux festes


Un autre exemple vous diray de celles qui ne veulent vestir leurs bonnes robes aux festes et aux dymenches pour l’onneur de Nostre Seigneur. Dont je vouldroye que vous sceussiez l’exemple de la dame que sa demoiselle reprist. Une dame estoit qui avoit de bonnes robes et de riches ; mais elle ne les vouloit vestir aux dimenches ne aux festes, se elle ne cuidast trouver nobles gens d’estat. Et advint à une feste de Nostre-Dame, qui fut à un dimanche, si luy va dire sa damoyselle : « Ma dame, que ne vestés-vous une bonne robe pour l’onneur de la feste ? car il est feste de Nostre-Dame et dymenche. — Quoy ! dist-elle, nous ne verrons nulles gens d’estat. — Ha ! ma dame, ce dist la damoyselle, Dieu et sa mère sont plus grans et les doist l’en plus honnourer que nulle chose mondaine, car il puet donner ou tollir de toutes choses à son plaisir, car tout le bien et honneur vient de lui, et pour ce doit l’en porter honneur à la feste de luy et de sa benoyte chière mère et à leurs sains jours. — Taisiez-vous, dist la dame, Dieu et le prestre et les ens d’esglise me voyent chascun jour ; mais les gens d’estat ne me voyent pas, et pour ce m’est plus grant honneur de moy parer et cointoier contre eulx. —