Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/130

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que une pipe, ne je ne semble point celle qui fut ; ne mes belles robes, que je avoye si chières que je ne vouloye vestir aux dymenches ne aux bonnes festes pour l’honneur de Dieu, ne me auront jamais mestier. Mes belles filles et amies, amez Dieu, car il m’a monstré ma folie, qui espargnoye mes bonnes robes aux festes pour moy cointoier devant les gens d’estat pour avoir le los et le regart des gens. Sy vous prye,,es amies, que vous prengniez icy bon exemple. » Ainsy se complaignoit la dame malade, et fut bien malade et enflée par l’espace de VII ans. Et après, quant Dieu eut veu sa contricion et sa repentance, si luy envoya santé et la gary toute saine, et fut dès lors en avant moult humble envers Dieu et donna le plus de ses bonnes robes pour Dieu, et se tint simplement et ne eut pas le cuer au monde comme elle souloit. Et pour ce, belles filles, a cy bon exemple comment l’on doit plus parer et vestir sa bonne robe aux dimenches et aux festes, pour honneur et amour de Dieu, qui tout donne, et pour l’amour de sa doulce mère et de ses sains, que l’on ne doit faire pour les gens terriens, qui ne sont que boue et terre, pour avoir leur grâce et leur los ne les regards d’eulx ; car celles qui le font par telz plaisances, je pense qu’il desplaise à Dieu, et que il en prendra sa vengeance en cest siècle ou en l’autre, sy comme il fist de la dame, comme vous avez ouy, et pour ce y a bon exemple à toutes bonnes femmes et bonnes dames.