Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/132

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horreur et abbominacion. Belle suer, que ne pensez-vous une fois de journée comment les povres meurent de froit et de faing là hors, que du Xe de vostre cointerie et de voz noblesces feussent plus de XL personnes ressaisiz et revestus contre le froit ? » Lors lui dist le saint preudomme tant de bien et lui desclaira sy la folie du monde et les bonbans, et aussi le sauvement de l’ame, que la bonne dame ploura et depuis fist vendre le plus de ses robes et de ses riches atours, et l’argent donna pour Dieu, et prist simples vestemens et humbles atours, et mena sy sainte vie que elle eut la grace de Dieu et du monde, c’est-à-dire des saiges et des preudes gens, qui vault mieux que celles des folz. Et pour ce, belles filles, a cy bon exemple comment l’en ne doit pas tant avoir le cuer au monde, ne mettre en ses cointises pour plaire aux folz et au monde, que l’en ne departe à Dieu, qui tout donne et dont l’en puet acquerre son sauvement ; car il vault mieulx moins avoir de riches robes et d’atours que les povres gens n’en ayent leur part ; car qui met tout pour avoir la plaisance du monde, je suis certain que c’est folie et temptaion d’ennemy, et se doit l’en mieulx parer pour honneur et amour de Dieu, c’est aux dimanches et aux festes, en reverance et louange de luy et de ses sains, que pour la folle plaisance du monde, qui n’est que umbre et vent au regart de lui qui tout puet et tout donne, et tous diz durera sa gloire.