Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/161

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Et pour ce dist le saige en la sapience que l’en se doit garder de touchier à delit dont le cuer soit blescié ne l’âme ; car fol atouchement eschauffe le cuer et enflambe le corps. Et, quant raison est aveuglée qui doit le cueur et la fenestre gouverner, l’en chiet en pechié et en fol deliz ; et encore dit le saige, qui se veult seurement gouverner et nettement garder, doit deux fois ou trois avant ses mains regarder que à nul fol fait atouchier, c’est à dire, avant que le faire et entreprendre, deux foyz ou trois y penser. Car le touchier et le bayser esmeuvent le sanc et la char telement que ils font entroblier la crainte de Dieu et honneur de cest monde. Ainsi moult de mal se esmeut et avient par fols baisiers et atouchemens, tout ainsi comme il avint à Eve qui atoucha au fruit de vye.




Chappitre XLIIIe
De la VIe folie de Eve


La VIe faulte si fut pour ce que elle menga du fruit deffendu ; ce fut le plus fort du dolereux fait. Car, par celluy fait nous et tout le monde fusmes livrez au peril de la mort d’enfer, et estrangez de la joye pardurable. Si avons cy grant exemple comment par le trespassement d’une petite pomme soyent devenus tant de douleurs et de maulx. Hé, Dieux, comment ne pense l’en assavoir comme Dieux pugnira ceulx qui