Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/165

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femmes auxquelles ne leur chault, mais que leur voulenté soit faicte et accomplie. Dont je congneux un baron qui tant crut sa femme que par son fol conseil il prist mort, dont ce fut dommage. Il lui vaulsit mieux qu’il l’eut moins crainte ne congneue, et aussi, comme Adam, qui folemenl creut sa femme, à sa grant doulour et à la nostre. Et aussy, toute bonne femme doit bien penser quel conseil elle veult donner à son seigneur, et qu’elle ne luy conseille mie à faire chose dont il ait honte ne dommaige pour acomplir sa fole voulenté. Car, se elle est saige, elle doit penser et mesurer à quelle fin ou bien ou mal la chose puet venir ; car elle y partira et ou bien et ou mal. Et, pour ce y doit bien penser avant qu’elle riens lui conseille, ne ottroye, ne pour amour ne pour hayne d’autruy. Et, aussi comme Eve ne vouloit bien faire, elle ne devoit mie conseillier à faire mal ; car il y eust assez eu d’elle. Et pour ce est cy bon exemple, se l’on ne veult faire bien, que l’on ne doit pas conseillier à autruy à faire mal. Et aussy, se l’on ne vuelt jeuner et bien faire, l’en ne doit pas autre desconseillier ne destourber à aultruy ; ains dist le saige que l’on a sa part ou pechié, c’est à dire ceulx qui lui ostent sa devocion et qui le conseillent à desjeuner et à faire pechié. Et, pour ce, qui n’a voulenté de bien faire, si le laisse l’on bien faire aux autres, et ne leur conseillier riens contre leur ame, car ilz participeroient au pechié.