Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/191

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touz les biens de son royaulme. La royne le regarda, qui le vit bel et juenne ; sy l’ama merveilleusement de folle amour, et lui monstra moult de folz signes d’amours par regars et par autres folz semblans, et quant elle vit que il n’y vouloit entendre ni se consentir à sa mauvaise volonté, elle en fut toute forsenée, et tant qu’elle l’appella en sa chambre et le pria de fole amour. Maiz lui, qui estoit preudomme, luy respondi que jà il ne seroit traistre envers son seigneur. Et quant elle vit cela, elle se courrouça et le prist aux poins par le mantel et s’escria à la force tant que tous vindrent, et elle dist qu’il la vouloit efforcier, et lors le roy le fist prandre et mettre en la chartre, et y fust longtemps. Et après ce, Dieu, qui ne l’oublia pas pour sa bonté, le fist delivrer, et fust plus grand maistre que par avant ou royaume, et plus amé et plus honnouré. Et pour ce est cy bon exemple que Dieux reliève tousjours les justes et ceulx où il treuve loyaulté, et la faulce royne fut punye ; car il ne demoura gaires qu’elle morut mauvaisement et souddainement de male mort. Et ainsi Dieu guerredonne à chascun son merite. Et pour ce est cy bon exemple de bien faire ; car oncques de bien faire ne vint que bien et honneur ; ainsi, comme dit l’Euvangille, il n’est bien qui ne soit mery et mal qui ne soit puny. Car de faire faulx hoirs ne viendra que maulx et tribulacions ès lieux où ilz seigneuriront et dont ilz auront la poesté, et les doulereuses mères seront livrées à la grant mort d’enfer, ne jamais n’en istront tant comme les advoultres qu’eles ont fais tendront terres ne biens du mary leurs mères. Et c’est chose vraye, si comme