Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/195

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Chappitre LXIe
De Thamar, la fille du roy David


Encores, mes chières filles, vous diray un autre exemple comment l’on ne doit pas estre ne demourer seul a seul avecques nul, tant soient ses parens ne ses prochains ne autres, si comme il advint de Thamar, fille au roy David, que son frère Amon despucella. Celluy Amon fut tempté contre Dieu et contre la loy, et, pour acomplir sa mauvaise voulenté, il se faingny estre malade et se faisoit servir à sa suer, et la regardoit de faulx regart et puis la baisoit et acoloit, et tant fist petit à petit que il l’eschauffa et la despucella. Et quant Absalon, son frère de père et mère, le sceut, il en fut tout forsenne et yré, et, de fine ire et courroux il occist son frere Amon, qui celle deloyaulté avoit faicte à sa suer, et en vint moult de mal, et pour ce a cy bon exemple comment toute femme qui veult nettement garder son honneur et son estat ne doit point demeurer seul à seul avecques nul homme vivant, fors avecques son seigneur ou avecques son père ou avecques son fils, et non avecques aultres, car trop de maulx et de tentations en sont avenues, dont, se je vouloye, je en raconteroie moult de telles de qui l’en dist qu’il leur est mal pris et de leurs prouchains parens. Sy est grant peril de se fier en nul ; car l’ennemi est trop