Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/203

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en hayne et tant qu’elle fust courroucée vers le roy, fust à tort ou à droit, par telle manière qu’elle fust chassée et envoyée par l’endictement des parens du roy. Et ainsy par son desespoir et par son orgueil elle perdit le grant honneur où elle estoit ; car maintes gens et maintes femmes ne pevent souffrir honnour ne aise ensemble, et ne finent d’acquerre buchetes et langaiges d’orgueil et d’envie, et tant qu’elles se mettent du hault en bas comme fist ceste fole reyne, qui estoit venue de petit lieu à grant honneur, et ne le povoit souffrir ; car toute femme qui voit son seigneur doulz et simple, sans grant malice, de tant lui doit-elle porter plustost honneur ; car elle s’en honneure luy mesmes et en a plus de louenge et de honneur de ceulx qui la voient, et se doit plus tenir close et plus simplement, et soy efforcier de garder et de tenir s’amour et sa paix, car les cuers ne sont pas tousjours en un estat ; pierre vire et cheval chiet. L’on cuide par foiz que tel soit bien simple et sot, qui a malicieux cuer et dangereux, et pour ce ne puet femme trop honnorer ne obeir à son seigneur quel qu’il soit, puis que Dieu le lui a donné. Je vous vueil dire l’exemple de la femme du roy Herodes le grant. Il avoit une femme que il amoit moult merveilleusement. Sy ala à Rome, et advint que les gens de son ostel luy firent nuysance par devers son seigneur ; car ilz ne l’amoient point, pource que elle estoit trop fière, et luy rapportèrent qu’elle avoit un privé amy. Sy la deshonnourèrent, dont Herodes fut moult courroucié et le luy reprocha, et elle luy respondit trop fièrement et orgueilleusement, et ne prist pas son seigneur