Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/310

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un autre chevalier, qui aussi es toit amoureux de celle dame ; mais il ne fust pas ainsi gayement arrayé, ains estoit chaudement vestu et avoit mantel et chappe ron doublé, et estoit rouge comme un coq, et avoit bonne couleur et vive. Quant le chevalier fust arrivé et il eust fait le bien veignant, la dame lui fist bonne chière et liée et meilleur que à messire Fouques, ce lui sembloit, et lui tenoit plus grant compaignie, et dit la dame à Messire Fouques : « Trayez-vous près du feu. Je double que vous estes mal saing ; vous avez trop fade couleur. » Et il respondy que il n’avoit nul mal. Et touteffoiz l’autre chevalier eust meilleure chière d’assez. Sy se passa la chose ainsi, et ne demoura pas plus d’un mois que messire Fouques espia que le chevalier devoit venir sur les parties où estoit celle dame, et, à la journée qu’il sceust que il arriva pour veoir la dame, il vint d’autre part et se retrouvèrent leans. Mes messire Fouques se arroya bien autrement qu’il n’estoit à l’autre foiz ; car il se vesty bien et chaudement, si que il ne perdy pas sa couleur comme à l’autre foiz, pour esprouver comment la chose yroit ne à quoy il tenoit ; mais pour certain il eust la meilleure chière et la plus privée à celle foiz. Dont il me dist que amours se doivent tenir chaudement, et que il l’avoit esprouvé. Et pour ce est grant folie de soy cointir pour faire le bel corps et pour estre gresle tant que l’en en perde sa couleur ne sa manière, ne que l’en en soit enroué ne entoussé ; car l’en en est moins prisé, selon ce que ouy avez, dont sur cestc matière je vous en conteray une grant merveille, comment plusieurs en moururent de pur froit. Ce furent les Galois et les Galoises.