Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/90

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diray comment. Il m’avint que par la gayeté de ma char je me couchay avec un moyne. Si ne l’osay oncques regehir ne confesser, pour doubte d’estre accusée et pour la honte du monde et craignoie plus le bobant du monde que la vengeance espirituelle, et pour cuidier effacier mon pechié je jeunoie et donnoye le mien pour Dieu, je ouoye les messes, et disoye moult de heures, et me sembloit que les grans biens et abstinances que je faisoye estaindroient bien le peschié que je n’osoie regehir ne confesser au prestre, et pour ce j’en suis deceue et perdue. Car je vous dis à tous que qui meurt en pechié mortel et ne le vuelt regehir, il est dampné perpétuellement, ainçois doit dire son pechié aussi villainnement comme il fut fait et par la manière. » Et quant elle eut tout ce dit, tous ceulx qui là estoient furent moult esbahis ; car il n’y avoit nul qui ne pensast qu’elle feust sauvée.

Et ainsi dist li preudons cest exemple à celle femme qu’elle confessast et qu’elle deist tous ses pechiés ainsi comme elle les avoit fait, et elle osteroit les taiches du vaissel d’argent, ce sont les taiches de son ame, et sy confessa celle femme, et fut depuis de sainte vie, et ainsi son comancement de sauvement ne fut que par les jeunes comme le vendredy pour la sainte passion, et le samedi pour la virginité de Nostre-Dame, dont elle fut sauvée du péril du puis, car il n’est nul bien qui ne soit mercy.

Sy est une moult sainte chose ; et, de tant comme le jeuner fait plus de mal à la teste et au corps, de tant est la jeune de plus grant merite et de plus grant valeur ; car, se la jeune ne faisoit mal à jeuner, l’on n’y auroit point de merites. Et encore,