Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/96

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iiij jours, et nulz ne savoit la vérité, laquelle ilz esliroient. Si ce cointirent les filles et s’affaitèrent au mieulx qu’elles porent. Si avoit en la compaignie un chevalier et une dame, moult congnoissant et moult soubtilz, et qui bien mectoient l’eueil et l’entente de veoir leurs manières et contenances, et aucunez foiz les mettoient en parolles. Si leur sembla que, combien que l’ainsnée feust bien la plus belle, elle n’avoit mis le plus seur estat, car elle regardoit menu et souvent çà et là et tournoit la teste sur l’espaule et avoit le resgart bien vertilleux. Et la IIe fille avoit à merveilles de plait et de parolles, et respondoit souvent et menu avant qu’elle peust tout entendre ce dont on luy parloit ; la tierce n’estoit pas la plus belle à deviser, mais elle estoit bien la plus agréable et si avoit la manière et le maintien seur et ferme, et paroloit assez pou et bien meurement, et son resgart estoit humble et ferme, plus que de nulle des IIII. Si eurent conseil et avis les ambassadeurs et messagiers que ilz retourneroient au roy leur seigneur pour dire ce que trouvé avoyent, et lors il prendroit laquelle qui lui plairoit. Et lors vindrent au roy et à la royne pour congié prandre de eulx et les mercièrent de leur bonne compaignie et de l’onnour que ilz leur avoient faite, et qu’ilz raporteroient à leur seigneur ce qu’il leur sembloit de leurs filles, et sur ce il feroit à son plaisir. Li rois leur donna de beaux dons.

Si s’en partirent et vindrent en Angleterre, et racontèrent à leur seigneur l’onneur que le roy et la royne leur avoient faite. Après rapportèrent les beautez des filles et leurs manières et leurs maintiens, et y fut assez parlé de chascune d’elles, et y eut assés qui