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Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/100

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la justice éternelle ? Le royaume des cieux est pour les persécutés. Qu’importe ce qu’on possède, puisque l'on n’a besoin de rien pour participer au règne de Dieu ?

C’est dans le même esprit que Jésus traite avec les puissances établies. Il ne conteste pas la légitimité du sacerdoce, mais il sait que l’économie de la Loi va faire place à l’ère messianique. Il n’est pas en révolte contre César, mais il sait que la puissance de l’homme est près de finir. Il n’a pas a se prononcer sur la valeur d’institutions qui ne subsisteront pas dans le royaume des cieux. On suppose fort gratuitement qu’il admettait l’obligation du serment devant les autorités. Quand il a répondu à l’adjuration du grand-prêtre, il ne faisait pas lui-même de serment. Sa manière de considérer tout l’ordre humain et temporel de la société est visiblement inspirée par le sentiment de sa vocation supérieure dans un ordre de choses tout différent, qui doit se substituer à l’organisation passagère et défectueuse, représentée par des hommes injustes, qu’il convient de subir en attendant l’heure de la Providence.

Il s’ensuit que l’Evangile ne contient aucune