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Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/203

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Les « raisons d’ordre supérieur [1] » qui, selon M. Harnack, font corriger l’orthodoxie, interpréter les dogmes anciens, produire des dogmes nouveaux, autoriser des pratiques et des dévotions nouvelles, ne sont pas à chercher dans les caprices ou les calculs d un despotisme arbitraire ou égoïste. Quelles que soient les circonstances extérieures de chaque fait particulier, tout ce développement procède de la vie intime de l’Eglise, et les décisions de l’autorité ne font que sanctionner, pour ainsi dire, et consacrer le mouvement de la pensée et de la piété communes. S’il ne plaît pas à l’Eglise catholique de s’abîmer, immobile, dans la contemplation des formules traditionnelles, si elle les scrute et les explique, c’est qu’elle entretient, dans la foi, l’activité de l’intelligence. Si elle modifie sa discipline et ses moyens d’action, c’est qu’elle veut agir, parce qu’elle vit. Comme Eglise, elle a une vie collective qui, nonobstant les défaillances partielles, est la vie universelle de l’Evangile. Elle ne fait pas que des individus chrétiens, elle tend à créer un état chrétien du

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