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L’AGONIE

LIVRE PREMIER


I


Le navigium égratignait, de ses rames cadencées, la mer saphirée, vaporante, et sa voile rouge, à peine se gonflait sous l’ambiant calme qui planait sans qu’aucun bruit le troublât, ni les appels de l’équipage, ni le celeusma balancé des rameurs assis sur les transtras, au mouvement régulier du bâton du hortator, pendant que les passagers, accoudés sur les bords, rêvaient, indiciblement.

Ceux-là étaient un Romain, deux Grecs, un marchand cypriote, un Alexandrin, plusieurs Italiques revenant des ports orientaux. Quoique lassés d’un long voyage, des étapes de la côte, des nuits écoulées à se diriger sur les étoiles, ils avaient appris à aimer cette mer que maintenant ils quittaient à regret. Aussi, leurs yeux visionnaient de villes apparues sur les falaises et les plages, de temples étalés sur les rivages, de marines coupées d’îles brûlées du soleil et déformées furieusement par des orages, et qui pre-