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MÉPRIS DE FEMMES

qu’on la laissât pénétrer dans la salle de bal. Prince était parfaitement sûr qu’elle avait trop de jugement pour cela. Or elle s’approcha.

Il fit non de la tête, sans même lui demander qui elle était ; il la connaissait trop bien pour se méprendre.

Mais Freda, devant lui, souleva son loup de soie noire et le rabattit aussitôt. L’espace d’un éclair, il admira son visage.

Le dicton populaire qui circulait dans toute la contrée n’était pas sans fond de vérité : Freda jouait avec les hommes comme les enfants avec les bulles de savon.

Pas un mot ne fut échangé. Prince s’effaça et quelques instants plus tard il donna, avec force gestes et d’une voix incohérente, sa démission du poste qu’il avait trahi.

Dans la salle, une femme svelte, à l’allure souple, errait inquiète parmi les invités. Tantôt elle s’arrêtait devant un groupe, tantôt devant un autre.

D’aucuns — ceux qui auraient dû être de faction à l’entrée du bal — reconnaissant les fourrures, ne cachaient pas leur étonnement ; mais ils avaient garde de parler.

Le galbe de cette belle personne et toute sa grâce originale intriguaient les femmes ; mais sa silhouette, pas plus que ses fourrures, ne leur étaient familières.

Mrs Mac Fee, sortant de la salle ou tout était prêt pour le souper, rencontra l’éclair des yeux brillants et interrogateurs à travers le loup de soie. Elle sur-