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Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/121

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« Eh bien, je t’écoute, insista l’autre pour l’encourager.

— Je n’ai pas de famille. »

Il prononça ces quelques mots comme si on les avait arrachés de ses lèvres, qui se refermèrent aussitôt.

Comprenant qu’il avait touché un point sensible, Joë s’efforça d’aplanir la voie des confidences.

« Alors, raconte-moi quelque chose sur la famille que tu as eue. »

Il ne pouvait s’imaginer qu’il existât au monde des enfants sans foyer, qu’il eût enfoncé plus loin encore le couteau dans la plaie.

« Je n’en ai jamais eu.

— Non ? »

L’intérêt de Joë s’éveilla soudain et il jeta toute discrétion au vent.

« Pas de sœurs ?

— Non.

— Pas de mère ?

— J’étais si jeune à sa mort que je ne me souviens pas d’elle.

— Pas de père ?

— Je ne l’ai pas beaucoup connu. Il est parti un jour en mer… Il n’est jamais revenu.

— Oh ! »

Joë ne savait plus que dire. Un silence oppressant, rompu seulement par le bruit de l’étrave du Dazzler, les enveloppait tous deux.

À ce moment, Pete vint prendre le gouvernail tandis que les deux autres descendaient se mettre à table. Les jeunes garçons poussèrent un soupir de soulage-