Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/53

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« C’est là-bas, père.

— Et qui a baptisé ainsi ce quartier ?

— C’est moi, répondit Joë, comme s’il confessait un crime.

— Le nom est certainement approprié à l’endroit et dénote une certaine imagination. Vraiment, on ne saurait mieux dire. Vous devez faire à l’école, monsieur, de sérieux progrès en anglais. »

Ce compliment n’ajoutait rien au bonheur de Joë. son étude de l’anglais étant la seule dont il n’eût pas à rougir.

Et tandis qu’il restait là, silencieux comme une statue personnifiant la douleur et la honte, Mr Bronson l’observait en se souvenant de sa propre adolescence, avec une compréhension que Joë n’eût jamais crue possible.

« Pour l’instant, cependant, vous avez moins besoin d’un discours que de bain, de taffetas d’Angleterre, d’emplâtre et de compresses à l’eau fraîche. Allez vous coucher et reposez-vous bien. Demain matin, je vous en avertis, vous aurez les membres courbatus et en bel état. »

La pendule sonnait une heure, quand Joë s’agita sous ses couvertures ; un instant après il eut conscience d’être agacé par des coups menus mais obstinés, frappés à sa porte. Incapable de les supporter plus longtemps, il ouvrit les yeux et se mit sur son séant. Le jour entrait à flots par la fenêtre. La journée s’annonçait brillante et ensoleillée. Joë bailla et s’étira. Mais une douleur lancinante lui parcourut les muscles et il laissa ses bras retomber plus vite qu’il ne les avait levés. Il les considéra étonné : sou-