Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/10

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écrou. On apercevait au-dessous les pierres du ballast, à demi recouvertes par des feuilles mortes. Ainsi, rail et traverse, bizarrement enlacés l’un dans l’autre, pointaient vers le ciel, fantomatiques. Si antique que fût la voie ferrée, on reconnaissait sans peine, à son étroitesse, qu’elle avait été à voie unique.

Un vieillard et un jeune garçon suivaient le sentier.

Ils avançaient lentement, car le vieillard était chargé d’ans. Un début de paralysie faisait trembloter ses membres et ses gestes, et il peinait en s’appuyant sur son bâton.

Un bonnet grossier de peau de chèvre protégeait sa tête contre le soleil. De dessous ce bonnet pendait une maigre frange de cheveux blancs, sales et souillés. Une sorte de visière, ingénieusement faite d’une large feuille courbe, gardait les yeux d’une trop vive lumière. Et, sous cette visière, les regards baissés du bonhomme suivaient attentivement le mouvement de ses pieds sur le sentier.

Sa barbe, qui descendait en masse, tout emmêlée, jusqu’à sa ceinture, aurait dû être, comme les cheveux, d’une blancheur de neige.