Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/179

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Le vieux type du Sulphur Creek avait décidément raison, songea l’homme, cependant qu’il se sentait envahi par un désespoir qu’il maîtrisait encore. Au-delà de cinquante degrés sous zéro, on ne doit point voyager seul.

Il réitéra pourtant, avec les mêmes gestes, ses battements de mains et de bras. Mais, cette fois, aucune sensation de vie ne reparut.

Brusquement, enlevant ses mitaines avec ses dents, l’homme découvrit ses deux mains. Entre elles deux il saisit le paquet d’allumettes. Les muscles de ses bras, qui n’étaient pas encore gelés, lui permirent ce double mouvement. Puis, serrant fortement les deux mains, il frotta sur sa cuisse tout le paquet. Une flamme unique en jaillit. Les soixante-dix allumettes s’allumaient d’un seul coup ! Il n’y avait point de vent pour les éteindre et, tenant sa tête de côté afin d’éviter la suffocation du soufre enflammé, l’homme approcha ce feu ardent de l’écorce de bouleau. Il lui sembla, à ce moment, percevoir aux paumes une étrange sensation. C’était sa chair qui brûlait.