Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/190

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Sulphur Creek. Il le voyait nettement, au chaud, et confortable, en train de fumer une pipe.

— Tu avais raison, lui murmurait-il… Tu avais raison, vieux père…

L’homme s’assoupit alors, en un sommeil qui lui parut être le meilleur qu’il eût jamais connu.

Assis en face de lui, le chien attendait. Le jour bref se mourait, en un long et grisâtre crépuscule. Aucun indice ne marquait que le maître s’apprêtât à construire un feu. Il s’en étonnait, dans son cerveau de chien. Dans sa fruste mémoire, rien n’évoquait le souvenir d’un homme assis, sans feu, dans la neige, par semblable température.

Avec la fin du crépuscule et la nuit qui montait au ciel, la froidure augmenta encore. Le chien se mit à gémir doucement et recommença à faire aller sur place ses pattes de devant, tout en couchant les oreilles, car il craignait une réprimande de l’homme ou un coup de fouet.

Mais l’homme ne bougeait pas, ni ne parlait. Le chien gémit plus fort. Puis il rampa vers