Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/11

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une de ses extrémités, et dut être abandonné.

Quant au bateau fantôme, qui avait provoqué le désastre, il n’avait pas reparu ; les hommes de l’équipage affirmaient pourtant qu’il enverrait, sans nul doute, ses propres chaloupes à notre secours.

Le Martinez coulait rapidement. Épouvantés, les passagers sautaient par-dessus bord. D’autres, qui se débattaient dans les vagues, suppliaient qu’on les remonte à bord. Personne ne prêtait attention à leurs clameurs.

Pris de panique à mon tour, je piquai une tête par-dessus bord, en même temps qu’une foule de gens car quelqu’un venait de crier que le bateau sombrait.

Comment je passai par-dessus la lisse, je serais incapable de le dire.

Mais je compris immédiatement pourquoi ceux qui m’avaient précédé désiraient autant regagner le bord. L’eau était glacée, et son contact était une souffrance intolérable. J’éprouvai l’impression d’être tombé dans un brasier. Ce froid intense me brûlait jusqu’à la moelle des os. Son étreinte était semblable à celle de la mort.

D’abord je sentis, dans ma gorge, l’âcreté de l’eau salée, qui m’emplissait la bouche. Les poumons oppressés, le souffle court, je réussis, grâce à ma ceinture, à remonter à la surface, où je flottai comme un bouchon. Mais étant donné le froid, je ne crus pas, tout d’abord, pouvoir y résister plus de quelques minutes.