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JACK LONDON

yeux de Johnson. Mais lui savait ce qui l’attendait, et faisait front, courageusement.

Et il y avait, dans l’acte de cet homme simple, plus de noblesse et de grandeur morale que dans tout Loup Larsen. Johnson avait des principes de droiture et de franchise. Il était prêt à souffrir pour eux tout ce qu’il faudrait et l’esprit, chez lui, dominait la chair.

Je remarquai donc l’éclair de panique que trahissait le regard de Johnson, mais je le pris pour le résultat de sa timidité et de l’embarras, tout naturel, qu’il ressentait devant son supérieur.

Johansen s’écarta de quelques pas et Loup Larsen s’assit sur un fauteuil à pivot, devant le matelot.

Un silence impressionnant tomba lorsque j’eus fermé la porte et tiré le verrou. Il dura une bonne minute et ce fut Loup Larsen qui le rompit.

— Yonson… commença-t-il.

— Je me nomme Johnson…

— Va pour Johnson, qu’est-ce que ça peut foutre ! Est-ce que tu devines pourquoi je t’ai fait venir ?

— Oui, et non, capitaine… répondit-il lentement. Je m’acquitte consciencieusement de mon travail. Le second le sait aussi bien que vous, capitaine. Je ne vois pas de quoi vous avez à vous plaindre à ce sujet.

— Est-ce tout ? demanda Loup Larsen, d’une voix douce, basse et ronronnante.

— Je sais, continua Johnson avec sa même

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