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LE LOUP DES MERS

on va y avoir droit. Quant à vous, vous pouvez vous recoucher en paix, c’est moi qui vous le dis. Fermez vos gueules et laissez-moi dormir ! J’en ai besoin.

— Ça va, ça va… Te fâche pas ! répondit Parsons. Mais, même s’il ne nous tue pas, la vie à bord va devenir un enfer… Pire que par le passé. Vous verrez un peu ce que je vous dis.

Toujours blotti dans ma couchette, je tremblais de peur en songeant à ma propre situation. Qu’est-ce qui m’arriverait quand ma présence serait découverte ? Je ne pourrais évidemment pas me tirer d’affaire par les mêmes moyens que Loup Larsen.

À ce moment, Latimer appela par l’écoutille :

— Hump ! le vieux a besoin de toi.

— Il n’est pas ici, répondit Parsons.

— Si, il y est… déclarai-je en me glissant hors de ma couchette et en faisant effort pour ne pas paraître effrayé.

Les matelots me regardèrent, consternés. La peur était fortement marquée sur leurs visages, une terreur agressive et menaçante.

— Je viens ! criai-je à Latimer, en m’avançant.

— Non ! Tu n’iras pas ! hurla Kelly, en s’interposant entre l’échelle et moi. Je te ferai taire pour toujours, sale mouchard !

Et joignant le geste à la parole, il tendit vers moi sa main ouverte, comme pour m’étrangler.

— Laisse-le aller ! ordonna Leach.

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