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JACK LONDON

Loup Larsen s’exclama :

— Bravo, Hump ! Bravo ! Vous me rendez fier de vous. Vous êtes de plus en plus d’aplomb sur vos jambes, et je vous en félicite bien sincèrement. Une vie trop confortable vous avait amolli. Mais il y avait de l’étoffe en vous. Vous vous réveillez ! Je vous préfère comme ça.

Puis, cessant de railler, il reprit d’une voix grave :

— Croyez-vous, monsieur Van Weyden, que toute promesse doit être tenue ? qu’une promesse est une chose sacrée ?

— Certainement, je le crois.

— Parfait ! Eh bien, voici ma proposition. Si je vous promets de ne pas porter la main sur Leach et sur Johnson, me promettez-vous, en retour, de ne pas tenter de me tuer ?

Et il se hâta d’ajouter :

— Oh ! ce n’est pas que j’aie peur de vous ! Non, non, je ne vous crains pas…

J’étais un peu abasourdi et ne savais trop que penser.

— Est-ce promis ? demanda-t-il impatiemment, en comédien consommé qu’il était.

— Oui, répondis-je.

Il me tendit la main et, comme je la serrais cordialement, il me sembla voir, dans ses yeux, ricaner un démon moqueur.

Nous fonçâmes sur le canot, que nous avions gagné de vitesse et qui, maintenant, était proche

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