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JACK LONDON

croiserons que d’autres goélettes phoquières, répondit Loup Larsen.

— Mais je n’ai pas d’autres vêtements que ceux que je porte sur moi ! Vous oubliez que je suis une femme, une femme qui n’est nullement préparée à la vie errante et dure qui est la vôtre et celle de vos hommes !

— Plus tôt vous vous y habituerez, et mieux ça vaudra. Nous vous fournirons de l’étoffe, du fil et des aiguilles. Il ne vous sera pas impossible, je l’espère, de vous confectionner une ou deux robes de rechange.

Elle fit une moue qui exprimait son ignorance complète de la couture. Et j’eus peine de son désarroi, qu’elle tentait de dissimuler de son mieux.

— Je suppose, insinua Loup Larsen, que, comme l’était M. Van Weyden ici présent, vous êtes habituée à vous faire servir. Voyons, voyons, il me semble qu’apprendre à utiliser un peu vos mains ne vous disloquera pas les jointures… À propos, quel métier faisiez-vous pour gagner votre vie ?

Elle regarda Loup Larsen avec un air tant soit peu ahuri.

— Ceci dit sans vous offenser, continua-t-il, quiconque mange doit gagner sa nourriture. Les hommes que vous voyez ici tuent les phoques pour vivre. Pour la même raison, je commande cette goélette et la fais naviguer. Et, pour l’instant du moins, M. Van Weyden, lui aussi, gagne sa