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JACK LONDON

Je m’exclamai :

— Ne regardez pas, Miss Brewster ! Je vous en conjure ! Regardez ailleurs !

Elle m’obéit et l’horrible spectacle lui fut épargné.

— Maintenant, foncez dans le tas, monsieur Van Weyden ! m’ordonna Loup Larsen.

Je mis la barre sur les derniers canots. Mais, quand nous arrivâmes, la bataille avait pris fin.

Les troisième et quatrième canots du Macédonia, tous les autres ayant pris la fuite, avaient été encerclés par nos cinq embarcations et avaient rendu leurs armes.

— Capitaine, regardez là-bas ! m’écriai-je en désignant le nord-est.

Un flocon de fumée, qui annonçait le Macédonia, avait reparu dans le ciel.

— J’avais déjà vu, répondit tranquillement Loup Larsen. Mon cher frère s’est douté qu’il y avait du grabuge par ici et il nous prend en chasse ! Tenez ! Regardez !

La tache de fumée avait rapidement grossi et elle était devenue très noire.

— Tu ne penses pas, mon cher frère, que je vais t’attendre ! ricana Loup Larsen. Je te brûlerai la politesse… Tout le bien que je te souhaite est de faire sauter en morceaux les ferrailles de ta vieille machine !

Et, me désignant de la main un banc d’épais brouillard, qui barrait l’horizon devant nous, il déclara :

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