Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE LOUP DES MERS

— Mais tous les naufragés qui ont essayé n’ont abouti à rien.

« Je me souviens notamment d’un certain Winters, un reporter, qui s’était fait une réputation en allant visiter l’Alaska et la Sibérie. Une fois, je me suis trouvé avec lui au Club du Bibelot, et il nous a raconté comment il avait tenté d’allumer du feu avec deux bouts de bois.

« Il était très drôle et s’est montré inimitable dans le récit de ses efforts et de sa déconvenue.

« Et il a conclu : « Messieurs, l’insulaire des Mers du Sud y arrive très bien, comme le Malais. Mais l’opération, vous pouvez m’en croire sur parole, dépasse les capacités de l’homme blanc ! »

— Après tout, dit-elle gaiement, nous nous en sommes bien passés jusqu’ici. Nous continuerons…

Je protestai :

— Du si bon café ! Je l’ai pris dans la réserve personnelle de Loup Larsen. Et nous avons du bon bois sous la main !

En réalité, pour nous qui étions intérieurement et extérieurement transis, n’importe quelle boisson chaude, dont nous nous trouvions sevrés depuis si longtemps, aurait été la bienvenue.

Mais sans me plaindre davantage je m’occupai, sans tarder, de monter une tente pour Maud, avec notre voile.

Je disposais bien du mât, de sa vergue, des avirons et de tous les cordages, l’entreprise était pourtant plus malaisée qu’elle ne paraissait

359