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— Voilà que ça commence, cria Bert. Ça va faire un beau gâchis.

Le coureur à tête noire, suivi d’une douzaine d’adhérents, grimpait l’escalier extérieur vers les juges.

— Le trésorier est de ses amis, dit Bill. Voyez, il le paie ; quelques juges approuvent, d’autres protestent. Et maintenant voilà l’autre clan, celui du rouquin, qui monte à l’assaut.

Il se tourna vers Saxonne avec un sourire rassurant.

— Cette fois nous sommes bien à l’abri. Il va y avoir du grabuge là-bas dans une minute.

— Les juges tentent de lui faire rendre l’argent, expliqua Bert. Et, s’il refuse, l’autre clan va le lui prendre de force. Ça y est, ils essayent.

Au-dessus de sa tête, le gagnant tenait haut le rouleau de papier contenant les vingt-cinq dollars en argent. Sa bande l’entourait et repoussait ceux qui voulaient s’en saisir. Jusqu’ici il n’y avait pas eu de coups portés, mais la lutte s’enflait au point de faire trembler et osciller la frêle structure. D’en bas partaient des exclamations diverses à l’adresse du gagnant : Rends-le, chien ! Tiens bon, Tim ! Tu l’as bien gagné, Tim ! Rends la galette, sale voleur ! Et vers lui montaient des fusées d’insultes grossières et de conseils amicaux.

Le combat redoublait de vigueur. Les défenseurs de Tim s’efforçaient de le soulever du plancher de façon que sa main restât hors d’atteinte de celles qui se crispaient vers elle. À un moment donné, son bras fut abaissé d’une secousse violente ; il le releva aussitôt. Mais le papier s’était déchiré et, d’un effort suprême et désespéré, Tim, avant de descendre, lança la pluie d’argent sur les têtes de la foule. Il s’ensuivit une interminable période de discussion et de querelle.

— Je voudrais bien qu’ils en finissent pour retourner danser, geignait Marie. Ceci n’est pas amusant.

Lentement et à grand’peine, la tribune des juges fut évacuée, puis un crieur, s’avançant au balcon, étendit