Page:London - Le Tourbillon, trad Postif, 1926.djvu/64

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— Ce n’est pas… un… ?

Son attitude compléta la question.

— Oh, pas du tout, bien que rien ne l’en empêche. Il est très droit, parfaitement honnête. Mais il ne se laisse pas prendre aux jupes. Il danse, et tourne autour de vous, et se paie du bon temps, mais pour aller plus loin, rien de fait. Il y en a des tas qui en ont été pour leurs frais. Je parie bien qu’une douzaine de filles sont amoureuses de lui en ce moment. Et il continue simplement à s’en dépêtrer. Il y avait Lily Sanderson ; tu la connais. Tu l’as vue au pique-nique slave l’été dernier à Shellmound, cette grande blonde assez gentille qui était avec Butch Willows.

— Oui, je m’en souviens, dit Saxonne, eh bien ?

— Eh bien, on la voyait régulièrement avec Butch Willows ; mais, comme elle savait danser, voilà que Billy se met à danser beaucoup avec elle. Butch est un type qui n’a peur de rien. Il s’amène carrément pour mettre le pied sur la mèche, barre le chemin à Billy devant tout le monde, et lui donne lecture des articles de loi contre les attroupements. Billy l’écoute de son air lourd et endormi, et Butch s’échauffe de plus en plus, et tout le monde s’attend à du boucan.

Et voilà Billy qui dit à Butch :

— Est-ce tout ?

— Oui, répond Butch, j’ai dit ce que j’avais à dire, et je vous demande ce que vous allez faire ?

Et Billy répond… tu ne devinerais jamais… devant tout le monde qui le regardait et devant Butch qui roulait des yeux sanguinaires… Il dit… comme ça… tout simplement :

— Ma foi, rien du tout, Butch.

Butch était si surpris qu’on aurait pu le renverser en le poussant avec une plume.

— Et vous ne danserez jamais plus avec elle ? demanda-t-il.