Page:Londres - Au bagne.djvu/115

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JE FINIRAI DANS UN REQUIN


On s’assit tous les deux sur le bat-flanc.

— Enfin ! j’espère que je suis très malade. J’ai peut-être bien la tuberculose. J’ai assez avalé de cachets tuberculeux… Oui, voilà. Quand un camarade « en tient » on le fait cracher dans des cachets. On colle et on garde ça. Puis on se présente à la visite. On dit : « Je suis tuberculeux. » Au bon moment on met le cachet dans sa bouche. On le perce d’un coup de dent et on crache pour l’analyse. Les médecins ont du travail avec nous !

Il ne voulait pas prendre le tabac que j’apportais.

— Non ! Non ! je ne veux plus commettre de faute.

— Pour ces paquets-là on ne vous dira rien.

Il les prit, disant :

— C’est que je veux sortir, sortir.

— Mais habillez-vous ! vous grelottez.

— Non ! on ne grelotte que la nuit.

Il me demanda :

— Je suis bien seul dans l’allée, n’est-ce pas ?

— Seul.

— Comme ça, je sortirai. Quand je sens des camarades près de moi, mon cerveau chavire. Il faut que je les provoque. Je me couperai la langue, mais je sortirai.