Page:Londres - Au bagne.djvu/149

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disent-ils. Que pouvons-nous faire ? Rien à ordonner, pas de médicaments. Notre visite médicale ? une sinistre comédie ! Le cœur serré, nous avons la sensation que nous nous moquons de ces malheureux.

Dans ces deux camps, on se croirait revenu à l’une des époques barbares de l’humanité, au temps sans médecins, ni pharmaciens. Alors devait s’élever sur la terre un grand mur infranchissable : d’un côté les bien portants, de l’autre les infirmes avec ce mot d’ordre : mourir.

Rien. Rien à donner à neuf cents malades de toutes maladies.

— Tout ce que je puis, dit le médecin, et pas toujours, c’est faire descendre quelques squelettes qui gigottent encore, pour qu’ils claquent dans un lit.

La pharmacie centrale de Saint-Laurent vient de recevoir seulement — en juillet 1923 — sa commande de médicaments de 1921. On ménage le coton comme l’or et la teinture d’iode, ici, est une liqueur précieuse. Et les effectifs augmentent. Le crime monte. Assassins ! Si vous saviez !

Au fait, les autorités ont raison de ne pas élever de troupeaux en Guyane. Les quelques buffles qui rêvent dans les savanes et sont arrivés sains d’Indochine tombent malades, ici. Ils mangent l’herbe de para qu’ont souillée tous ces malheureux et les buffles attrapent l’ankilostomiase. Dans ce pays les hommes contaminent les bêtes.