Page:Londres - Au bagne.djvu/244

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Le pays n’est pas équipé, parce que le directeur qui vient détruit le travail du directeur qui s’en va.

Les colonies ne sont pas faites pour MM. les fonctionnaires, si honorables soient-ils.

Une fois votre plan établi, monsieur le ministre, vous direz à l’homme que vous aurez élu : Partez ! Si cet homme meurt, tombe malade ou en pâmoison, vous direz au successeur que vous lui donnerez : Partez ! Les grands intérêts de la nation doivent être au-dessus des hasards qui souvent président au choix des exécutants. Il y a le conseil général de la Guyane ! Je sais ! Le conseil général de la Guyane est prêt à acclamer celui qui, à sa tête, marchera à la découverte de son pays. Du moins il faut le penser, sinon…

Vous voilà, monsieur le ministre, devant une reconstruction. Comme le terrain n’est pas libre, vous vous trouverez du même coup en face d’une démolition. Il faudra passer sur le corps de l’administration pénitentiaire.

Vous aurez beau câbler au gouverneur qu’il a toute autorité sur le directeur, cela n’empêchera pas le directeur d’être le gérant absolu des quatorze millions que vous lui envoyez chaque année pour ses bagnards.

Le gouverneur aura peut-être l’autorité, mais le directeur aura l’argent.

L’administration pénitentiaire est un corps trop étroit, vivant sur lui-même, recruté, en partie, sur place, avançant sur place.