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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

entrain de faire. On en parle deja baucou dans le milieu. Vous entendrez des quantités de choses. On essaira de vous embrouillé. Moi je suis un homme du milieu, et j’ai à vous renseigné en cette qualité. Il n’y a que deux sortes de femmes dans notre monde, les malheureuses et les vicieuses. Etc… »


Mon correspondant n’avait peut-être pas obtenu le prix d’orthographe, à l’époque où il poursuivait ses études ; il eût mérité le prix de psychologie.

Quant à moi, je vais concourir pour le prix de mathématiques : quatre-vingts pour cent de malheureuses, vingt pour cent de vicieuses. Voilà mes chiffres !

Qu’entend-on par malheureuses ?

Quand une jeune fille a seize ans et que sa mère, ivre tous les soirs, lui dit : Tu vas sortir et tu rapporteras vingt francs ; si tu ne me rapportes pas vingt francs, je te dénoncerai à la police comme mineure se livrant à la débauche et tu seras enfermée jusqu’à ta majorité dans une maison de correction ; cette jeune fille est une malheureuse.

Quand une jeune fille est seule, qu’elle gagne quatorze francs, que le chômage arrive, que, depuis trois jours, à l’heure des repas, elle n’a eu d’autres ressources que d’aller « manger avec les chevaux de bois », et que le propriétaire de sa chambre,