Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

marchandé. Cet argent me ferait le plus grand bien à l’heure qu’il est. Je ne le regrette pas. Quand on est en voyage c’est pour s’instruire.

C’est Romindato, employé au port et parent d’une « huile » de la police. Il fait arrêter les trafiquants quand ils débarquent. Le lendemain il vient les voir au parloir : « J’ai su votre malheur ! » Contre deux cents pesos il les fait relâcher.

C’est ce demi-personnage de l’administration policière qui perd sa femme. Le chef des Polaks (Polonais, Russes, Tchèques qui font le trafic de la Juive de Pologne) va lui porter ses condoléances au nom de la corporation. Il dit qu’une telle honorable dame ne saurait aller en terre que dans un corbillard de première classe. Il sollicite l’honneur d’être chargé de ces pompes funèbres. L’honneur lui est accordé. Ce fut une première-première classe. J’ai vu passer le cortège. J’ai tiré bien bas mon chapeau.

C’est ce chef — cette fois l’histoire est ancienne (est-ce une raison pour qu’elle soit perdue ? Les jolies choses doivent être déterrées. C’est admis et même encouragé, autrement on supprimerait les archéologues. Et je vois, au contraire, qu’on les récompense.) ce chef qui part pour l’Europe, en voyage d’agrément, avec sa famille, aux frais des marchands de femmes reconnaissants.