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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

— Non, monsieur Bayard. Ai-je ou n’ai-je pas le droit d’aller à Buenos-Aires ?

— Siméon !

— Pas plus correct que moi sur le bateau. Voilà qu’entre Santos et Montevideo on découvre une gosse dans le poste des chauffeurs. Je la voyais pour la première fois, je le jure sur la tête de ma mère qui est en Algérie, mon pays natal comme vous savez ! Pourquoi d’abord aurais-je emmené un faux poids.

— La jeunesse tente les hommes nouveaux dans les pays neufs.

— À un an près ! monsieur Bayard. Vingt ans, vingt et un ans ! n’est-ce pas toujours de la belle jeunesse ? Si je me sentais coupable pourquoi serais-je revenu en France ?

— Pour en chercher une autre…

Siméon tournait le dos au boulevard. Il déplaça sa chaise, regarda Paris qui passait :

— Me faire de la misère dans un si joli pays ! Tout ce qu’on voit ici est beau. Tout ce qu’on boit, tout ce qu’on mange est bon. On entend rire ! Là-bas ! c’est pour des chiens pas difficiles.


À quatre heures et demie, en me quittant, Bayard me dit :