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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Le chirurgien va lui faire du mal mais il le sauvera. Peut-être !

Drame de la misère de la femme.


Le ruffian ne crée pas. Il ne fait qu’exploiter ce qu’il trouve. S’il ne trouvait cette marchandise, il ne la vendrait pas. Seulement il sait qui la fabrique.

Il connaît l’usine d’où sort cette matière première, la grande usine : La Misère.

Il est toujours plus facile de s’en prendre aux apparences sensibles.

Quand on parle de la traite des blanches on dit : Ah ! ces hommes qui emmènent ces femmes ! Personne ne s’écrie :

— Ah ! la misère qui conseille à ces femmes de se laisser emmener par ces hommes !

La Misère est comme tous les États. Seuls la connaissent ceux qui l’habitent. Les autres n’y pensent même pas. Et quand parfois ils en parlent, ils le font comme d’un pays qu’ils n’ont jamais vu, c’est-à-dire qu’ils disent de grosses bêtises.

Celles qui ont toujours eu à manger, qui ont toujours su où coucher devraient se coudre les lèvres plutôt que de raconter ce qu’elles auraient fait, ou ce qu’elles n’auraient pas fait dans la misère.

Elles sont comme ces gens de bien qui parlent de la guerre sans avoir été fantassins.