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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

quand on arrête un publiciste qui vend des légions d’honneur ou qui fait chanter ces messieurs du monde ou de la Finance. Les « colis » clandestins voyagent à leur manière. On en trouve dans le fond habillés en chauffeur. Lors des inspections les complices les cachent dans une chaudière éteinte, dans une manche à air, dans le coffre à bouées, dans le tunnel de la machine. Ces colis-là sont fragiles, aussi ne voient-ils jamais le jour pendant tout le voyage. On ne leur donne de l’air que la nuit quand les lumières sont basses et les étoiles sont hautes.

Ces faux-poids sans passeport et sans billet ne s’arrêtent pas toujours à Montevideo. Ils continuent jusqu’à Buenos-Aires. Là, le bateau reste huit jours. On a le temps de les faire filer. Quand les filles sont découvertes et qu’elles ne sont pas « mignonnes », les autorités sud-américaines les rembarquent sur le même paquebot. Mais on n’a jamais vu une jolie Franchucha (expression argentine qui signifie à la fois Française et fille de mauvaises mœurs) ramenée à bord. Je comprends assez bien cela.

En dehors de ces cas, le débarquement s’opère à Montevideo.

Je ne dirai pas que l’Uruguay est un pays francophile. Il n’y a pas de pays francophile. Et c’est