Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
65
LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Ventre-Saint-Gris ! Belle assemblée !

Il y avait les envoyés spéciaux du faubourg Saint-Denis et du faubourg Saint-Martin. Marseille était représentée aussi. Il est réconfortant, loin de sa Patrie, de rencontrer des compatriotes !

Impression imprévue : ici, ils ne choquaient pas. Ils ne semblaient pas, comme à Paris, d’assez étranges individus. En France, dans les milieux populaires, ces citoyens font tache. Ils font tache dans le monde bourgeois. Quant à les confondre, malgré leurs habits, avec le haut du pavé, il n’y faut pas songer. À Buenos-Aires, ils s’harmonisent admirablement avec l’ensemble du paysage argentin…

Comme un musicien retrouve toute sa gamme en saisissant son instrument, je revoyais la collection complète de mes héros. Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do ! Pas un ne manquait ! La gueule d’amour, le beau costaud, l’impérieux petit crevé, le brun et mat méditerranéen, le gros voyou en costume de fin gigolo, l’homme du monde que l’on ne recevait que lorsqu’il n’y a plus de monde, le sympathique et le méchant.

Le Maure parla bien.

Il dit son fait à Vincent le Négro qui se trouvait là et n’avait pas « daigné » me répondre. Je savourais, comme il convenait, cette justice que je n’eusse espérée aussi immanente.