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LES COMITADJIS

l’idéal, ces jeunes hommes épousaient avec enthousiasme la cause de la Macédoine. Leur premier élan était pour elle. N’ayant que leur vie à donner, ils la lui apportaient.

Repoussant les raisons d’État, bousculant les sages, piétinant la diplomatie, ce sont eux qui, en pleine paix, franchissaient la frontière yougoslave, portant chez l’ennemi le fer et le feu, incendiant les villages qu’ils appelaient renégats, en protégeant d’autres, dynamitant des ponts et, toujours au nom de leur mystique patriotique, égorgeant férocement les colons serbes descendus en terre de Macédoine.

Ces tchétas avaient un chef, un vrai : Todor Alexandroff.

Belle figure de haïdouc ! Son portrait, accroché dans toute maison macédonienne, le représente coiffé d’une tiare, d’une tiare corrigée par le bonnet phrygien. Ce fut le dernier roi des montagnes. Après lui, aucun chef de bande n’osa planter sa tente sur le territoire d’Alexandre de Yougoslavie. Comme les capitaines des anciennes grandes compagnies, il mena ses comitadjis aux batailles de 1912 et de 1915. Compris parmi les coupables de guerre, les vainqueurs le firent emprisonner par le gouvernement bulgare en 1919. Il s’évada, il regagna ses repaires et bientôt reparut pour en